Le Théâtre Majâz
Le Théâtre Majâz est une compagnie conventionée par la DRAC Ile-de-France
Une histoire subjective du Proche-Orient
mais néanmoins valide... je pense
De et avec Lauren Houda Hussein
Mise en scène Ido Shaked Musique de Hussam Aliwat
Création lumières : Léo Garnier
Création sonore: Thibault Champagne
Production et diffusion: collectif&compagnie
Estelle Delorme & Géraldine Morier-Genoud
Administration : Gingko Biloba - Bérénice Marchesseau
Spectacle tout public à partir de 13 ans
Durée estimée - 2h10 (+ deux entractes de 10min)
Production Théâtre Majâz • coproduction (En cours) Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine • Résidences de création Théâtre des Quartiers d'Ivry - CDN du Val-de-Marne, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre Châtillon Clamart.
Création le 6 octobre 2023 au Théâtre de Châtillon
Diffusion 2023/2024 (en cours)
Le 06 octobre 2023 - 20H30 Intégrale au Théâtre de Châtillon
Le 14 novembre 2023 - 19H (Beyrouth et Jérusalem) au Safran à Amiens
Les 22 et 23 novembre - présentation à la Faïencerie de Creil et à la Manekine de Pont Ste Maxence
dans le cadres des journées de rencontres professionnelles de La Croisée - Projet soutenu par le Groupe des 20
Théâtres en île-de-France dans le cadre des vitrines inter-réseaux
Le 8 décembre 2023 - 18H00 générale pour la presse et les professionnels Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine
Le 9 décembre 2023 - 18H Intégrale au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine
Du 12 au 15 décembre 2023 Intégrale au Théâtre Joliette à Marseille (19H les 12 et 13/12 - 20H les 14 et 15/12)
Le 8 mars - 19H Intégrale au Centre culturel Jean-Houdremont à la Courneuve
Le 26 mars - 19H Intégrale au Théâtre Jean Lurçat, SN d’Aubusson
En mars 2021, dans le contexte de la crise sanitaire, nous avons eu envie avec le Théâtre Jean Vilar de Vitry de développer une petite forme, qui permettrait de jouer dans des espaces non dédiés au théâtre et d’ainsi garder le lien avec les publics et habitants de la ville. Au fur et à mesure de nos rencontres avec le public hors les murs et de l'ampleur qu'a pris l'écriture, nous avons décidé d'imaginer une création pour la salle, donnant lieu à un dispositif scénographique et une création lumière.
Le projet Une histoire subjective du Proche-Orient mais néanmoins valide... je pense s’articule sur trois épisodes portés par une comédienne et un oudiste. Chaque épisode est dédié à une ville; Beyrouth, Jérusalem puis Paris en mêlant récit et musique live, comme un concert documentaire. À travers l’intime, nous cherchons à dessiner une cartographie sensible du Proche-Orient.
Beyrouth ou bon réveil à vous! se situe à Beyrouth et débute un jour avant la guerre de 2006 avec Israël. La narratrice à l’aube de ses 20 ans, alors en voyage au pays de son père, doit se rendre à un concert de Fairuz, finalement annulé. C’est l’histoire d’un passage brutal à l’âge adulte, et de la transmission d’une histoire, familiale et politique, entre un père et sa fille.
“Sur la route qui longe la mer, du sud vers Beyrouth, la moustache de Mustapha tente de me rassurer. Il rassure ce qu’il pense être de la peur chez moi, mais qui en vrai, est un va-et-vient de pensées sur les probabilités militaires que tout cela s’arrête et que je puisse retrouver Fairuz dès le lendemain. Le paysage défile, il fait toujours trop beau sur la méditerranée pour une guerre. La météo pourrait s'accommoder d’une mission chirurgicale éclair mais sûrement pas de tant de morts à venir. Moi, sur la banquette arrière pas de petit frère pour imiter les chanteuses arabes drama queen et les publicités de boucheries hallal de banlieues trop grises.
Moi, le visage tourné vers la mer qui ne voit pas l’ombre d’une perche pour une gymnastique voltigeuse au-dessus des flots. Des files de voitures, de mercedes, de bmw, de matelas sur le toit, de 8 personnes par véhicule, de fuites en avant, de fuites tout court. Les embouteillages à n’en plus finir, le bruit des avions israéliens au-dessus de nos têtes. Ma culpabilité au-dessus de la mienne, de tête. Et si... et peut être que... voyons demain… ils se calmeront tous… Je ne voyais pas à ce moment-là plus loin que la cassette audio de mon enfance. Fairuz était donc humaine. Quel gâchis."
Extrait de Beyrouth ou bon réveil à vous!
Le deuxième épisode, Jérusalem, premiers pas sur la lune est une traversée de l’autre côté de la frontière. Quelques mois après la guerre, alors étudiante en école de théâtre, la narratrice rencontre et tombe amoureuse d’un israélien. Dans un conflit entre culpabilité et défiance, elle part pour la première fois voir le pays de l’autre côté. Celui-là même qui lui faisait la guerre un an auparavant.
Le jour où nous arrivons à Jérusalem, il fait une chaleur épouvantable et un relent d’ordures et d'oeufs pourris flotte dans les rues. Nous garons la voiture dans la partie ouest de la ville, pas loin du quartier juif othodoxe où il ne fait pas bon être une femme en débardeur. Devant les remparts de la vieille ville, je suis surexcitée. J’ai l’impression d’être la première femme à marcher sur la lune.
Dans la bande son de mon cerveau je mets la chanson “Al quds” de Fairouz. Al quds c’est Jérusalem en arabe. Je l’écoutais avec mon père quand il me racontait ses exploits de résistant et que nous rêvions du jour où la Palestine serait libérée.“Pour toi ô ville de prière je prie… ô Jérusalem… Chaque jour nos yeux voyagent vers toi…”
“Ok, houston, je commence à marcher vers l’esplanade des mosquées. But: voir le dôme du rocher. Compte à rebours enclenché avant impact. Terminé” “Copy that. Over.”
Les ruelles sont étroites et bondées. Les gens parlent fort et se bousculent, des touristes achètent des babioles religieuses en plastique made in china, des pèlerins rejouent les derniers instants du Christ, une croix sur le dos et une fausse couronne d’épines sur la tête, des illuminés à leurs trousses.
“Ok, Houston, y a des dingues qui se prennent pour Jésus là.”
Ma psy, Meryl Streep, marche à côté de moi: “ C’est le syndrôme de Jérusalem. Ça consiste tout
simplement à péter un câble en arrivant dans la ville sainte parce qu’on est submergé par l’ambiance religieuse et qu’on perd tout contact avec la réalité. La confrontation entre la Jérusalem de leurs fantasmes et la vraie est trop dure à supporter. Voilà.”
“Merci docteur”
Avant l’esplanade des mosquées, nous passons par le poste de sécurité. Le site mène soit au mur des lamentations soit au dôme du rocher. Garder par la police israélienne, bien évidemment.
Fouille des sacs, vérification des passeports.
“Ok, Houston, j’ai la cible en vue. Si je ne reviens pas, inutile d’appeler les secours. J’aurais atteint mon but. Over.
Extrait de Jérusalem, premiers pas sur la lune
Dans le troisième et dernier chapitre Paris, oeil pour oeil dent pour dent, la narratrice alors en train d’écrire la suite de cette histoire, se retrouve envahie par le personnage du père qui l’empêche de continuer. Pour pouvoir aller au bout de ce récit, elle va devoir le confronter à sa violence, à la guerre qu’il a infligée à sa propre famille, dans l'intimité de la maison. Dans un dernier voyage, elle creuse aux racines de l’amour et de la violence des hommes, et s’arme du pouvoir des mots pour y mettre un point final.
Dans un ton libre et direct, une forme de stand up tragi-comique, la narratrice nous mène loin et tout près, au Proche-Orient et en banlieue parisienne pour raconter les rapports fondateurs entre l’Occident et l’Orient, entre nous et nos parents, entre ce que nous étions et ce que nous aspirons à devenir.